Prenez-moi

La vie est belle je trouve – ces étoiles, ce soleil, ces nuages, la mer, la terre, le vent, la pluie – la planète tourne et comme elle, je ne m’arrête pas... Je passe ...

Que le soleil est surprenant, une espèce de cercle, c’est drôle.. Les rayons qui le caractérisent tant pointent les humains – les êtres humains : ces petites bêtes qui bougent de partout.. Elles gesticulent dans tous les sens, tout le temps – à droite, à gauche, devant, derrière, ici et là – c’est dingue ça – ont-elles remarqué ma présence, pas certain, j’ai peur..

Il semblerait qu’elles ne s’inventent pas leur espace dans lequel elles attendraient – elles attendraient quoi ? Simplement attendre de mieux me connaître, mieux me sentir, mieux m’apprécier  – en attendant moi, je ne sais pas attendre finalement – moi non plus alors pourquoi elles – mais parce que moi, je ne meurs pas mais elles, si.. Moi, je ne m’arrête pas... Je passe ...

Et puis, ça s’accélère là – ça court, y’a un élan brusque, prévu, prévisible ou impromptu – bon là, je ne dis pas non – il faut, y’a qu’à faut qu’on – il faut faire vite, c’est comme ça – regardez lui, il court après moi et crie « j’ai été le plus rapide » - bon, c’est super … enfin pour lui et pour les livres de records « record battu, ouaiiiiiii » – pour moi, ça ne change rien..

Ohh ces deux là, enfin je crois qu’ils sont deux : ils font quoi ? Ce n’est pas la première fois que je surprends cette gymnastique – c’est drôle – la bête couverte de poils est posée sur une partie de l’autre et puis les mouvements s’accélèrent - PAF, ça s’arrête d’un coup – les deux n’ont occupé que le petit territoire de 8 grands carreaux, 2 rangées de 4 et ils transpirent - c’est drôle – ahh, voilà qu’ils scrutent une montre qui était cachée dans une veste, s’occuperaient-ils de moi ? Ils se demandent enfin comment je me porte ? Ai-je bougé ? Forcément j’ai bougé, je ne fais que ça – je suis rythmé – s’ils le souhaitent, je peux même m’exprimer en mélodie – ouai – mais bon – après leur gymnastique, parfois je surprends des pensées, de ces pensées qui disent « ohh j’aurai voulu que le temps s’arrête, tellement c’était … » ou encore en plein milieu des mouvements « pouffffff, c’est quand que le calvaire s’arrête là » - moi je suis là et puis les mouvements des corps s'accélèrent, ralentissent aussi.. Ces êtres humains rêvent ainsi pendant, de … « fin le temps s’il te plait » s’il vous plait monsieur on dit ou « je veux un nouveau temps »  - pour moi, ça ne change encore rien, j’avance pareil, je ne m’arrête pas... Je passe ...

Lorsque l’on prend la peine de s’occuper de moi, il me semble apparent que la vie est vécue plus sereinement.. Vous imaginez ? Le truc appelé « réveil » sonne pour ne pas oublier que j’existe et à ce moment précis, je serai comme l’oreiller caressé ou les bras qui réconfortent si les dormeurs me prenaient avec douceur..

J’aime le bruit des cœurs – je l’aime parce qu’il est le signe de la vie – les êtres humains aiment – ils s’aiment et/ou ils aiment les autres, l’autre – ils aiment faire ceci, cela – je suis l’observateur de leur qualité, de leur défaut aussi – je les admire parfois, les déteste souvent – combien me prennent pour écouter leur cœur, pour calculer à peu près le nombre des étoiles ? Combien encore font des jeux d’observation et même d’imagination avec les nuages ? La vie est pure merveille, pourquoi souvent oublier de profiter de moi – je suis paix, tranquillité, douceur, amour – vous qui me lisez, aimez-moi, prenez-moi plus souvent – je vous donne tout ce que j’ai – oui parfois, j’entends que je ne suis pas beau, je suis même mauvais, gris mais ça ne change rien,  je ne m’arrête toujours pas... Je passe ...

Louis-Xavier